MATHIEU ROY | OPÉRATION BÉLIER | 14/01/2015
Le 3 novembre dernier, Chantal Hébert publiait un texte dans le Toronto Star intitulé Blind faith has PQ pinning hopes on Pierre Karl Péladeau.
L’article paru en anglais traite des éventuelles conséquences de l’arrivée de Pierre-Karl Péladeau au Parti Québécois. Afin d’introduire son sujet, Chantal Hébert explique qu’une de ses connaissances a reçu récemment la visite de l’Opération Bélier, un mouvement citoyen qui fait du porte-à-porte afin de discuter d’indépendance du Québec. Cependant, elle le fait avec une malhonnêteté intellectuelle et un mépris considérable, envers notre organisation. Étant chef d’équipe pour l’opération Bélier section Montréal, j’ai donc voulu réagir à de tels propos, question de démystifier tout cela.
Tout d’abord, la chroniqueuse compare l’approche de notre équipe de porte-à-porte avec celle des Témoins de Jéhovah, allant même jusqu’à dire que le mouvement indépendantiste utilise une stratégie d’évangélisation (evangelical-style strategies) pour faire rehausser l’appui à son option. La chroniqueuse affirme ensuite que nous sommes une initiative de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM), avant de faire un lien boiteux avec le Parti Québécois afin d’aborder le sujet de son article.
Un lien boiteux, dis-je, car l’Opération Bélier est un mouvement citoyen qui fait la promotion de l’indépendance, hors des partis politiques. De plus, nous sommes une initiative du réseau Cap sur l’indépendance (RCI) et non de la SSJBM. C’est d’ailleurs la première chose que nous expliquons aux citoyens lorsque nous les rencontrons. Nous avons parmi nous des gens de tous les horizons politiques indépendantistes et nous nous tenons bien loin des instances parlementaires, afin d’être le plus rassembleurs possible. Son lien avec le Parti Québécois n’a donc pas lieu d’être.
En écrivant cela, Chantal Hébert prouve justement à quel point il était nécessaire de mettre sur pied une campagne permanente de promotion de l’Indépendance comme la nôtre. Ses propos proviennent assurément d’une profonde incompréhension quant aux raisons qui nous poussent à vouloir faire du Québec un pays. La nécessité d’aller voir les gens chez eux, face à cette méconnaissance de la cause indépendantiste, est urgente.
En effet, en 2014, alors que le principe même du droit à l’autodétermination du Québec est remis en question devant les tribunaux, qu’on est en train de se transformer en une société de porteurs de pétrole, que notre régime d’assurance-emploi est saboté par Ottawa, que l’on peut afficher des publicités s’attaquant à ceux qui veillent sur la langue française dans l’indifférence de plusieurs, les raisons pourquoi il est légitime, juste et parfaitement rationnel de se doter d’un pays abondent et doivent être clairement démontrées aux citoyens. Si Chantal Hébert avait pris la peine de se renseigner moindrement sur notre organisation, peut-être n’aurait-elle pas écrit de telles balivernes.
En nous comparant à des témoins de Jéhovah et en s’attaquant à l’action citoyenne, l’illustre chroniqueuse s’attaque à la base même de la démocratie. En effet, les mouvements sociaux sont des acteurs majeurs de changement social. En s’attaquant au simple fait de rencontrer les citoyens afin de discuter d’enjeux sociopolitiques, je me permets de me demander quelle conception de la démocratie Mme. Hébert défend-t-elle?
Notre initiative citoyenne a comme but, évidemment de promouvoir l’indépendance, mais également de re-politiser les citoyens.
Si des militants libéraux avaient sonné à votre porte, Mme Hébert, auriez-vous eu la même réaction? Les militants fédéralistes qui font du porte-à-porte lors des campagnes électorales sont-ils également des « croisés » allant à la rencontre des infidèles?
Peut-être que cet acharnement à notre endroit provient du fait que notre mouvement commence à faire ses preuves et qu’il sera bientôt un acteur politique majeur au Québec?
Chose certaine, ce sont de tels mouvements qui ont rehaussé la fierté écossaise et catalane ces derniers mois. C’est un modèle qui a fait ses preuves et dont il faut s’inspirer ici, au Québec. Notre traversée du désert touche à sa fin. En attendant, nous avons encore beaucoup de pédagogie à faire sur l’indépendance et elle ne se fera pas toute seule.
Une porte à la fois, beau temps, mauvais temps, nous serons au poste, pour garder la politique citoyenne en vie. Bien des jeunes indépendantistes ont soif de liberté et désirent rencontrer les citoyens afin de leur expliquer les bienfaits de notre projet de libération nationale. C’est bien la preuve que notre cause est loin d’être morte et enterrée. Et vous, madame Hébert, derrière votre porte, isolée des mouvements citoyens, prendrez-vous la peine d’écouter et de débattre de bonne foi lorsque nous frapperons chez vous?
Mathieu Roy
Chef d’équipe à Opération Bélier Montréal ainsi que toute son équipe de bénévoles